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GISORS ET SON EGLISE ST GERVAIS
Elle a tout d'une grande ! comme dirait St Renault adepte du petit et grand véhicule et pourtant malgré des dimensions (nef de 70m de long, de 24m de hauteur de voûtes, à 5 vaisseaux et 6 travées) comparables à la cathédrale de Senlis, elle est répertoriée comme simple Eglise paroissiale et compte parmi les plus beaux exemples du patrimoine normand.
Il faut dire qu'elle en a subi des transformations au cours des siècles. Un choeur gothique rayonnant du XIIIème siècle, une nef gothique flamboyante et une façade renaissance édifiée au XVIème siècle, de quoi perdurer dans le temps....
De ses années de jeunesse, ces parties primitives demeurent obscures.C'est quand même une Dame.... s'il vous plait.... restons pudiques ! On sait toutefois qu'elle avait le feu sacré et qu'en 1123 un incendie ravage la nef romane datée de 1119, année de sa consécration par le pape Calixte II.....
Elle subira d'autres opérations de reconstruction notamment la nef primitive dans le 2ème tiers du XII siècle. On suppose que cette partie fut chapentée comme un grand nombre d'églises du vexin Normand du XIIIe siècle.
La nef romane avait très certainement la même longueur que la nef actuelle (30m), mais d'une hauteur beaucoup plus réduite. Des archives du début du XVIe siècle indique qu'elle était myope... aussi décident-il de lui offrir des lunettes en lui perçant des fenêtres en 1506..... les lentilles... c'est pour plus tard....
C'est entre 1226 et 1235 qu'elle fait une rencontre qui va bouleverser son existence. Elle se lie d'amitié avec Blanche de Castille qui grâce à son soutien financier va lui permettre de s'élever d'un cran dans l'architecture avec tous les accessoires qui sied à un choeur gothique. Il est vrai qu'elle émit le souhait non dissimulé qu'un chevet plat inspiré du modèle chartrain lui irait comme un gant. Selon des sources mal informées, elle aurait, lors d'une entrevue en aparté avec son amie Blanche, fait savoir que si Notre Dame de Paris pouvait se l'offrir, aucune contre indication ne s'opposait à ce qu'elle puisse en posséder un et que tout le rayonnement reviendrait de droit à son amie dévouée ..... D'ailleurs c'est de cette époque que vient cette expression repris par nos publicistes ......."Parce ce que je le vaux bien".Aussitôt dit aussitôt fait comme aimait le dire St Cassegrain... Le Chevet fut donc posé et percé d'une rosace et consacré dans la foulée en 1249... Comme quoi il est toujours bon d'avoir des amies haut placées.
Puis de 1497 à 1510 de nouveaux rajouts s'opèrent. En effet selon son dossier médical son état se dégrade non pas par fait de guerre mais par "fortune de temps".....D'autant que la chirurgie n'en est qu'à ses premiers balbutiements et que l'utilisation des cellules souches ne se fera que beaucoup plus tard... Mais les progrès de l'époque lui permettent de bénéficier du système "déambulatoire" qui offre aux visiteurs de circuler autour des reliques.De nombreuses chapelles sont également édifiées autour du choeur au début du XVIème siècle afin de lui permettre de mieux respirer. Au Nord, la chapelle de l'Assomption déja existante au XIV siècle est agrandie avec deux travées supplémentaires et coté Sud, la chapelle de la Vierge abrite une magnifique peinture sur verre en grisaille de style maniériste réalisée vers 1545 par des artistes de l'Ecole de fontainebleau portant sur le thème de la vie de la Vierge et l'enfance de Jésus.
C'est en 1547 que les travaux de la Nef flamboyante haute de 24 m se terminent. Sa folie des grandeurs exige que son élévation soit sans interruption..... pas question de se heurter à un quelconque chapiteau qui remettrait en cause cette impression de verticalité.
Mais tout cela demande d'énormes financements et c'est là que son habilité fait recette. En effet elle décide de démarcher certains concessionnaires des confréries religieuses notamment ceux de St Louis et de Saint-Jacques ( Metz comme quoi le monde est petit ! ) et leur propose en échange de leur participation financière de leur attribuer des showrooms dédiés à leurs derniers modèles. Quant aux corporations marchandes qui sont particulièrement présentes à Gisors, elle leur propose ni plus ni moins des colonnes de publicité. C'est ainsi que la Chapelle St-Claude offre un pillier sculpté en l'honneur de la confrérie des Tanneurs. Tandis qu'un autre, lui financé par la confrérie Royale de St-Louis, est un véritable manifeste dédié à l'autorité royale.
Si vous visitez cette église, vous trouverez dans l'une des chapelles un encart publicitaire qui date de 1530.. Une publicité "choc" qui montre un "transi" c'est à dire un cadavre décomposé sculpté en haut-relief. Le transi est comparable au gisant, à ceci près qu'il ne représente pas un personnage précis mais "véhicule" une allégorie. On se pose encore la question si St Renault n'y serait pas pour quelque chose.
L’ inscription qui l’accompagne invite à la réflexion : « Qui que tu sois, tu seras terrassé par la mort, restes là, prends garde, pleure. J’étais ce que tu es, tu seras ce que je suis, fais maintenant ce que tu voudrais avoir fait quant tu te mourras ».Et bien ...si cela ne vous refroidit pas ! il vaut mieux attacher sa ceinture à tout hasard !
Soucieuse de son apparence dés son jeune age, elle fait appel en 1530 au chirurgien de l'époque Robert Grappin pour lui faire le portail central avec arc de triomphe pour bien lui souligner les sourcils, un plafond à caissons et sur le tympan un tatouage "le songe de Jacob". Puis c'est le fils, Jean Grappin qui reprend les travaux et change littéralement de style. Il respecte néanmoins le travail de son père afin de rendre l'ensemble homogène.
La tour nord (celle de gauche) est construite dans le style gothique flamboyant entre 1516 et 1525. Elle sera achevée en 1540 par un couronnement de la nouvelle gamme des produits de beauté "Renaissance"
Il faut savoir que les Normands ont toujours été des précurseurs dans ce domaine et particulièrement dans cette région.
La crise étant passée par là ...la tour sud est restée inachevée par manque de financements. Elle est la parfaite représentattion de l'architecture de style renaissance avec la superposition des ordres antiques (dorique, ionique et corinthien).
A l'intérieur, la tour abrite deux chefs d'oeuvres : Un escalier réalisé vers 1570 par Jean Grappin car c'est pas tout d'être une grande, il faut pouvoir y grimper et puis dans le dernier quart du XVIème sècle, elle a une crise d'humilité et demande à Pierre du Fresnoy, artiste beauvaisin, de lui réaliser un arbre de Jessé monumental celui du Christ.
Malgré toutes ses convalescences, ses souffrances subies par tant de chirurgies, par tant de reconstructions et cela dans le seul but de rayonner au hit parade des célébrités les plus retouchées.... elle subit un retour de manivelle dans la presse people en 1940 et se voit infliger des bombardements massifs. Sentant depuis quelque mois que le vent allait tourner, elle mis à l'abri bon nombres de tableaux et certains vitraux en prévision de jours meilleurs. Malgré des moments de doute, cela m'entama pas sa volonté de revenir au devant de la scène. Malheureusement le rêve ne s'imprima pas dans la réalité au même rythme car les restaurations entamées depuis l'après-guerre se poursuivent encore de nos jours.
Tags : siecle, nef, eglise, chapelle, style, Eglise St Gervais, Blanche de Castille, St Louis, St Jacques, Confrérie des Tanneurs
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Commentaires
Bonsoir Gavroche,
Oui je dirais même qu'il est percutant ......
Bon Mercredi
Bisous
Chronique
Bonjour Stéphane,
J'ai essayé de traiter son histoire de façon désinvolte tout en restant rigoureuse dans les faits... enfin presque
Bonne journée à toi
Chronique
On va faire en sorte de perdurer dans le temps comme cette grande et petite église...
Bon Mardi
Bisous
Chronique
elle est merveilleuse cette église et même avec le transi je ne craindrai pas de la visiter car nous sommes tous appelés un jour pour le long voyage en espérant que ce soit le plus tard possible
bises
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bonjour merci pour ce bel expose,je trouve l'encart de1530
tres realiste dans ces mots
bon lundi bises